Article paru dans La Revue Durable n°11 de Juin - Juillet - Août 2004
4x4 et quads à l'assaut des Alpes françaises

Mal nommée, "La croisière blanche" est en réalité une manifestation des plus noires. Chaque hiver, quatre jours durant, 400 véhicules tout-terrain - grosses 4x4, quads (motos à 4 roues très larges) et motos trials - parcourent 300 kilomètres de chemins forestiers et pastoraux dans les vallées de Champsaur et de Valgaudemar, en périphérie du Parc national des Ecrins, dans les Hautes-Alpes. Les pistes qui servent au ski de fond et aux raquettes en hiver, aux exploitants agricoles, aux VTT et aux randonneurs en été sont défoncées jusqu'à plus de 2000 mètres d'altitude. Chaque année, de nouveaux terrains sont sacrifiés car, pour satisfaire une clientèle avide d'"aventures", le parcours change d'une édition à l'autre. Particulièrement fragile en cette période l'année, la faune souffre du vacarme et de la pollution de l'air inhabituels. La traversée des lits de torrents nuit à la faune piscicole. Le sol et la flore sont écrasés, la structure du sol détruite. Et les émissions de gaz à effet de serre n'arrangent pas un bilan écologique déjà désastreux.

Fort de ces faits, un collectif de trente associations s'oppose à cette manifestation. Il s'est adressé aux organisateurs, aux participants, aux maires des communes concernées et, en dernier recours, au préfet des Hautes-Alpes pour que cesse ce gâchis. Débouté une deuxième fois en janvier 2004, le collectif entraîné par Mountain Wilderness, le Club alpin français et la Société alpine de protection de la nature lance une pétition nationale demandant l'intervention de Serge Lepeltier, ministre de l'Ecologie et du développement durable.

Pour les opposants à la croisière blanche, les dégâts sont plus graves encore sur le plan symbolique. Comment, en effet, comprendre que l'on puisse bénéficier d'un tel droit de détruire pour la somme dérisoire de 300 euros ? L'attitude colonialiste des participants fortunés - dont 38% sont des étrangers, notamment des Britanniques, des Hollandais et des Suisses - renforce le sentiment que tout se monnaye, que la marchandisation est sans limite. Aux organisateurs qui se justifient en mettant en avant les 600 000 euros de retombées économiques pour la région, les associations rétorquent que le silence et le calme des montagnes pour tous ses habitants n'ont pas de prix.

Ce combat est d'autant plus urgent que les loisirs motorisés séduisent toujours plus de régions en manque d'idées pour attirer les touristes. A Valloire, dans la vallée de la Maurienne, en Savoie, plus de 2000 quads dévalent les pentes des montagnes lors de la Transvalquad estivale, quatre jours durant. Un peu partout ailleurs, les motoneiges, les balades en hélicoptère et en avion font le bonheur de touristes friands d'émotions fortes.

La pétition est disponible sur le site

http://france.mountainwilderness.org

Lire et signer la pétition de Christophe contre les 4x4 et l'adresser à votre député(e) ?

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